Sur les crêtes grecques de Dorida dans le centre de la Grèce, les Grecs ont construit avec tenacité et audace leurs villages.
A quelques kilomètres des côtes du golfe Corinthien, on découvre un lieu montagneux rugueux et en même temps fascinant et charmant. J’ai visité cette région avec mon mari, il y a déjà quelques années. Νοus étions à Patras un week-end chez des amis et nous décidons de passer presque une semaine dans le département de Dorida dans la grande région de Stéréa Ellada. Nous passons le pont Rio-Antirio à Patras (qui lie, depuis 2004, le Péloponnèse à la Grèce continentale du nord dont Stéréa Ellada) et nous arrivons au bout de 70 kms vers l’est au bord de la mer à Eratini. D’Eratini, nous montons vers le nord et le bassin du golfe Corinthien se perd de notre vue. Et puis, dans un tournant décisif de la route, nous découvrons soudainement des forêts de sapins, de chênes et des pics enneigés et plus loin, on aperçoit à l’horizon le point bleu du lac de Mornou.
Le lac Mornou (photo tout en haut) est un lac artificiel à une altitude de 500 mètres et semble assiégé par les imposantes silhouettes des montagnes. On a le désir de visiter tous ses villages montagneux autour du lac. La zone forestière des sapins s’arrêtent à 200 mètres plus en amont des rives du lac. La végétation se satisfait d’une étendue éclaircie de chênes, de platanes, de saules et d’autres arbres hydrophiles. Nous décidons de faire d’abord le tour du lac (65 kms) avec un arrêt au barrage, aux sources de Vélouchovo et au village de Kallio en grande partie submergée par les eaux du lac. Pas loin des rives du lac, on a les villages de Klima, Kokkino, Perivoli et Doriko.
Les villages du nord-ouest du lac Mornou sont ceux que nous aimerions visiter d’abord. La crête sud-ouest de Vardoussion semble être un mur immense nous coupant du nord. Les villages de Daphnos et Psilo Chorio sont accrochés à 1200 mètres sur ses flancs mais nous ne pensons pas y aller. Après Kallio, en allant vers le barrage et juste avant le pont de Granitsorema, on prend la route montante et nous arrivons au beau village “en pierre” de Diakopi (photo plus bas à gauche). C’est un village connue pour la fabrication des Τsarouchia (sabots traditionnels) pour les éleveurs de Dorida.
Le village de Daphnos (photo plus haut à droite) est quand-même un village que je voudrais voir mais je ne voudrais pas prendre le chemin de terre qui nous emmène au bout de 9 kms au village de Daphnos, selon les villageois. Donc, nous partons, revenons sur nos pas et prenons la route vers le nord. Au bout d’une vingtaine de kms, nous arrivons dans ce village à 1000m d’altitude. Νous atteignons la place qui est très jolie avec ses sources. On appelait ce village Vostinitsa. Aujourd’hui, il y a une centaine d’habitants. Nous trouvons une chambre à louer et nous allons dîner dans la taverne sur la place. Le lendemain, nous allons à la decouverte du village et de ses alentours. Νous marchons dans les passages pavées entre les maisons et passons de vieux ponts. On nous dit que des milliers de chèvres et moutons paissaient autrefois dans les prairies aux alentours à 1600m d’altitude mais aujourd’hui, le village vit bien plus du tourisme (randonnées et visiteurs curieux comme moi). Nous allons voir l’église post-byzantine d’Aghios Nikolaos du 17e siècle à 3 allées et dôme. On remarque l’importance de cette église car les tables et chaises sont encore empilées dans le grand jardin.
Le village de Lidoriki (photo plus bas à gauche) est visité le lendemain. Il se trouve au bord du lac côté est à une altitude seulement de 550m très près des rives du lac. On sent bien que c’est un chef-lieu dans la région. Nous trouvons une chambre à l’hôtel Kallipolis pour la nuit et puis nous allons déjeuner à la taverne du village. La place pavée ombragée est très belle. Nous visitons le musée archéologique qui expose des découvertes provenant des fouilles dans la zone de Kallio.
Un peu d’histoire sur ce village : En 1815, le célèbre philhellène François Pouqueville compte 180 familles dans ce village. Dans ce village, il y a aujourd’hui 1500 habitants qui vivent de l’élevage, de la fromagerie, de l’abat d’arbres et du commerce intermédiaire. Ce village a toujours été une vraie “forteresse” puisque ses montagnards ont réussi à résister aux receveurs d’impôts byzantins et aux conquérants Latins (Francs et Catalans) et Turcs bien sûr. Barbayórgos est le héros célèbre du théâtre populaire grec des ombres. Il descendait du village de Lidorik pour imposer la justice. Le village de Lidoriki a pourtant beaucoup souffert en 1943 (le village mis à sac par les occupants Italiens), en 1944 (presque 500 maisons sont brûlées par les Allemands) et pendant la guerre civile qui suivit (1946-1953).
Le village de Krokylio (photo plus haut à droite) se trouve à l’ouest du lac Mornou. Le lendemain, nous décidons de visiter l’ouest du lac. Nous sommes au barrage et au bout de 13 kms, nous entrons dans le village. Il se situe à 850m d’altitude et il est entouré de denses fôrets de sapins et de chênes. Je vois, dans les cours des maisons, des marronniers, des noyers et des cerisiers. Selon Thucydide, la cité antique de Krokylio existait sur la colline de Ay-Lia à côté du village. Il dit que cette cité a été détruite en 426 av.J.C. par le général Athénien Démosthène. Bref, je me ballade dans le village et j’admire les sources toutes construites en pierre et le monument de l’écrivain et politicien Yiannis Makriyiannis (à l’entrée du village) né en 1794 près de Krokylio. Ceci dit, j’ai beaucoup aimé aussi l’église de St Georgios construite en 1857 sur une plus ancienne église du village avec son campanile bâti en 1859 et l’inconostase en bois bien travaillé devant l’autel à l’intérieur.
Voilà ce que j’ai vue en Dorida montagneuse dans la région de Phocide. Tous les villages montagneux grecs autour du lac sont encore peu connus et on a bien ressenti le côté sauvage de ceux-ci comme quelque peu oublié entre les vallées.
Aimeriez-vous, vous aussi, explorer cette petite région montagneuse autour du lac ?
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