Dans la quête de la patrie perdue d’Asie mineure et plus précisément à Kydoniès, on découvre l’histoire des Grecs.
Où se trouve Ayvalik (en grec Aϊvali) ? C’est une ville que je dis “rose” tout à l’est de la mer Egée en Méditerranée en face et à l’est de l’île grecque de Lesbos. C’est une ville turque pas loin de Pergame.
Où loger à Ayvalik ? Je suis arrivée à Ayvalik en bateau du port de Mytilène (de Lesbos) avec mon mari il y a quatre ans. Nous passions nos vacances à Lesbos mais j’avais envie de passer deux jours dans cette ville au passé grec. Après en avoir terminé avec la douane avec mon passeport dans les mains, nous allons à l’hôtel Orchis où j’avais réservé une chambre pour deux nuits. C’est un superbe hôtel de luxe au centre de la ville, aux hauts standards européens. Son restaurant est trop bien. Je vous recommande cet hôtel sans hésitation d’autant plus que le rapport qualité-prix est on ne peut plus avantageux.
Que voir à Ayvalik ? Toujours sur les traces de la civilisation grecque, j’ai surtout voulu voir ce qui en reste autrement dit les anciennes maisons des Grecs et les églises chrétiennes orthodoxes. La cité s’appelait Kydoniès depuis l’antiquité et on y voyait des temples ioniens.
La fondation de la ville de Kydoniès a eu lieu autour de 1585 quand les habitants de Lesvos ont été obligés de quitter leur île pour fuir les fréquents assauts des pirates. Cette ville s’est vite développée dans sa baie bien protégée grâce aux privilèges commerciaux accordés aux Grecs par les Ottomans. Au début du 19e siècle, la ville comptait 40.000 habitants dont la majorité étaient des Chrétiens orthodoxes. Kydoniès devient alors la deuxième ville commerciale la plus importante sur la côte est de la mer Egée (son apogée se situe en 1773). Le commerce de l’huile d’olive et la fabrication du savon ont apporté prospérité et un très bon niveau de vie à ses habitants. Grâce à un prêtre grec bienfaiteur, la ville a un hôpital, une crèche et même une léproserie. L’imposante Eglise des Orphelins est bâtie et des établissements d’éducation ouvrent comme l’Ecole-Académie de Kydoniès et la Bibliothèque Didotios.
Kydoniès lors de la Révolution Grecque en juin 1821 est totalement détruite par les Turcs Ottomans. Les survivants ont quitté la ville et se sont réfugiés sur l’île de Psara ou au Péloponnèse. La ville a été reconstruite en 1927 avec le retour et la réinstallation des réfugiés.
La prise de Kydoniès par les Turcs Ottomans s’est déroulée le 15 septembre 1922 quand l’armée des Néoturcs est entrée cette fois-ci en force dans la ville. C’est la ville de Fotis Kontoglou, de Stratis Doukas et de Elias Vénézis qu’ils ne reverront plus après les persécutions dans leur ville.
La ville moderne s’appelle Ayvalik et c’est une agglomération de 35.000 habitants qui n’a presque plus rien de grec à part des maisons à moitié démolies et des églises devenues des mosquées. Pour les Grecs, il s’agit d’une cité grecque perdue à jamais. Des musulmans de Lesbos, de Macédoine et de Crète arrivent sur l’île et prennent la place des Grecs d’Asie mineure chassés de leur ville pour aller vivre de l’autre côté de l’Egée.
Dans la vieille ville de Kydoniès, nous sommes au coeur de la ville….
La place Cumhuriyet Meydan se trouve sur le quai très fréquenté de la ville. Οn peut voir des cafés au bout du quai presque sur l’eau dont le café de Kanello et l’ancienne mairie (photo tout en haut). C’est vraiment le plus beau coin de la ville pour prendre des photos. Je trouve que les restaurants sont chers malheureusement… dommage. Nous allons voir les commerces avec ses nombreux petits magasins, ses cafés pittoresques, ses fabriques traditionnelles et son marché aux mille couleurs.
Les anciennes églises grecques se trouvent dans un labyrinthe de ruelles pleines de petits magasins. Nous trouvons les 3 églises anciennement chrétiennes orthodoxes lesquelles sont en assez bon état. Saint Georges (Aghios Yiorgios aujourd’hui mosquée Tsinarli, photo plus bas à gauche), Saint Jean (Aghios Ioannis aujourd’hui mosquée Saatli, photo plus bas à droite) et l’église Taxiarchis devenue elle-aussi mosquée. On a ajouté un minaret à chacune d’elle et elles sont fréquentées par les fidèles de Mahomet.
Les quartiers populaires et les vieilles maisons. Nous laissons loin derrière nous le quai plein de monde pour nous engouffrer dans les rues de la vielle ville. On fait là un retour dans le passé en voyant ces quartiers populaires pauvres, comme si on se retrouvait au début du 20e siècle. Les maisons sont faites de bois et de pierres, décorées de motifs sur platre et colorés de couleurs vives (marron, bleu clair, blanc contrastant avec le rouge et l’ocre, photo plus bas). Certaines maisons sont rénovées mais beaucoup sont abandonnées à l’usure du temps. Ces maisons anciennes de cette vieille ville m’ont vraiment impressionnées pour leurs traces de bourgeoisie néoclassique.
L’île de Moschonissi (en turc Cunda) est la seule île habitée sur les 22 îles à l’entrée du golfe Adramyttinos, en face d’Ayvalik (photo plus haut à droite). Dans l’antiquité, il s’agissait des îles Αskanii. C’est une île de 23 km2 au bout de 8 kms de route sur un pont. On y retrouve facilement l’élément grec puisque 10.000 Grecs y habitaient. On peut admirer les belles demeures néoclassiques encore préservées, la chapelle de Aghios Yiannis avec la bibliothèque, la fantastique Eglise de St Taxiarchis (photo plus bas à gauche), le monastère de St Dimitriou. Et puis, les petites tavernes au bord de l’eau, les ruelles pavées et les moulins traditionnels ont eu emprise sur mes yeux et mes sensations. Ce que j’ai aimé sur cette île, c’est son harmonie passé – présent, sa simplicité et son calme. J’ai remarqué que plusieurs personnes âgées y parlaient le grec et ils m’ont dit que leurs familles sont arrivées de Grèce en 1923 lors de l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie (après l’expulsion des Grecs par les Néoturcs de la côte d’Asie Mineure).
Voilà les quelques notes de mon petit séjour à Kydoniès ou Aϊvali. Aimeriez-vous aussi visiter cette ville anciennement grecque ?
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