En direction du lac Karla

Allons en direction du lac Karla près de la ville de Volos pour découvrir une belle région au pied du Mont Pélion.

Je suis allée avec mon mari revoir le lac de Karla, un lac peu connu donc sans vraiment agrotourisme. Il se trouve à 32 kms de la ville de Volos (entre la ville de Larissa et de Volos en fait).  Autour de Karla, il y a une route goudronnée qui relie les agglomérations côtières et on la suit pour faire le tour du lac (environ 35 km). Je suis restée émerveillée en voyant le lac artificiel s’étant rebellé pour redevenir lac naturel. En effet, la tempête Daniel du 4 septembre a inondé la région de Thessalie pour nous montrer qu’on ne peut pas toujours dompter la nature (photo plus bas montrant les prés inondés). A quelques points, on trouve des kiosques panoramiques pour observer les oiseaux. N’oubliez pas votre paire de jumelles.

Le lac Karla existe depuis l’antiquité sous le nom de Boebeΐs. De nombreux écrivains grecs de l’antiquité ont mentionné ce lac, tels qu’Homère, Hésiode, Euripide, Pindare et Strabon. Depuis le moyen-âge, on l’appelle Karla. Le lac se tient toujours là, au même endroit, à proximité des versants nord du Mont Pélion. Il avait une surface de 180km2 et 6m de profondeur. Il se trouvait près du village de Kanalia. Le lac naturel de Karla prend source au fleuve Pinios depuis des dizaines de siècles.

La vie près du lac de Karla dépendait de la pêche dans le lac. Cette dernière constituait une activité économique locale importante. Le lac était, de plus, le site d’une culture de pêche unique. Les pêcheurs passaient les 3/4 de l’année dans des cabanes de roseaux construits sur le lac. Les pêcheurs installaient des cabanes en forme de cônes faits de roseaux sur les rives et les îlots du lac. Ils vivaient là comme ça 9 mois consécutifs, loin de leurs maisons. Le dimanche des Rameaux au printemps, ils revenaient dans leurs villages pour laisser les poissons se reproduire et puis, ils retournaient dans leurs huttes après le 15 août. Ce mode de vie en respect et en coexistence avec le lac est resté stable pendant des siècles et des siècles jusqu’à l’assèchement final de Karla.

L’assèchement complet du lac Karla en 1962 n’était pas prévu. Le lac devait devenir un réservoir d’une surface de 65 km2 avec des tunnels et des fossés de plaine qui seraient utilisés pour l’irrigation. L’assèchement n’a pas pu s’arrêter et a ouvert une nouvelle plaine cultivable de 100kms2 au détriment de la vie traditionnelle des habitants de Kanalia. En effet, un tunnel souterrain de 10 kms vidait l’eau du lac petit à petit de 1957 à 1962. La région était alors bien sûr à l’abri des inondations de cultures et des marais pouvant engendrer des maladies. De petites entreprises se construisent autour du lac, dans ces années des 30 glorieuses. Cinquante ans plus tard, les experts et agriculteurs se rendirent compte des effets nuisibles de l’assèchement complet du lac naturel de Karla. La faune et la flore ont disparu. Le sol est mal drainé (déclin rapide de l’aquifère souterrain) et devient de plus en plus salé. Des habitations sans bases stables se sont fissurés. Des sources se sont asséchées dont la fontaine d’Hypérie à Velestino. Les pêcheurs devenus agriculteurs se sont battus avec ce qui s’est avéré être une terre stérile. Les prés ne peuvent plus tolérer que quelques type d’arbres dont l’amandier.

 

 

 

 

 

 

 

 

Des découvertes post-néolithiques et byzantines. On a décidé de préserver un site préhistorique qui peut être visité. Il couvre une superficie de plus de 3 hectares datant de la fin de l’âge néolithique. A titre indicatif, des bijoux, des vases, des pièces de monnaie, des fours, des résidus de construction et des tombes ont été découverts. À l’entrée du village de Kanalia, nous visitons l’église byzantine d’Aghios Nikolaou (contruite au 12e siècle, photo plus haut à droite avec mon mari), au bord de la route dans une forêt de platanes. Α Kanalia, je visite le nouveau bâtiment abritant le Centre d’exposition d’histoire naturelle et de culture du lac Karla et du Mavrovouni. C”est très sympa. Le Centre est ouvert tous les jours de 10h00 à 15h00 pour les visiteurs individuels (un ou 2 jours avant d’aller au lac, téléphonez au 0030 2428 073856).

Le rétablissement et la rénaturation du lac Karla se terminent en 2018 après 8 ans de remplissage du fleuve de Pinios. Karla devient lac artificiel constitué de mûrs-buttes retenant l’eau. Il a une superficie 4 fois plus petite que la lac initial. Les interventions des experts ont porté leurs fruits et peu à peu, les oiseaux sont revenus en suivant leurs instincts primordiaux. Ils ont recommencé à installer leurs nids sur les îlots… artificiels. Ainsi, Karla est reconsidérée comme un des sites de nidification des plus importants pour des dizaines d’espèces aviaires. L’eau du lac a eu du mal à revenir mais maintenant le lac a repris sa forme initiale. L’eau des pluies torrentiels tombe dans le golfe pagassitique à Volos.

La faune de Karla est unique. Depuis 2018, le lac devenu artificiel comprend 14 espèces de poissons d’eau douce dont le poisson non comestible nommé Loche stephanidisi (Cobitidé) qui n’existe plus que dans le lac Karla par exemple. Il y a aussi 190 espèces d’oiseaux dont 50 espèces aquatiques et 30 espèces de rapaces. Parmi les espèces d’oiseaux rares, je retiens le pélican frisé, le pélican blanc et le faucon crécerellette. Ceci dit, j’aime regarder des espèces plus communes au loin dont les hérons, les échasses blanches, les avocettes élégantes, les grèbes huppés, des canards et  les cygnes. Malheureusement, j’ai appris que des parcs éoliens seront dressés à Mavrovouni et je me demande comment les oiseaux vont se déplacer en volant sans obstacle…

Voilà ce que je sais du lac de Karla dont je suis l’histoire depuis 30 ans. Aimeriez-vous visiter ce lac entre Volos et Larissa, lors d’une visite dans la région ?

 

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