La sublime porte (de l’empire Ottoman islamisé) et la Sainte Ligue (les Européens Chrétiens de Méditerranée) se rencontrent lors de la Bataille de Lépante le 7 octobre 1571.
Pourquoi une grande bataille en Grèce ? Le pape Pie V voit un grignotage musulman aux portes de l’Europe Occidentale du sud (Les Ottomans ont déjà pris tout l’Europe du sud-est dont la Grèce bien sûr). Une plus grande expansion des Ottomans limiterait le réseau commercial européen. Le terrible massacre des Vénitiens en 1570 et 1571 à Chypre par les Turcs est un amer exemple qui conduit véritablement à une alliance occidentale. Les galères à rames et l’évolution des anciennes trirèmes, dans la bataille de Lepante (comparés à celle de Salamine en Grèce en 480 av. J.C) vont arrêter l’occupation ottomane en Méditerranée. Sous le nom de Sagra Liga antiturca, on a une unification des flottes d’Espagne (se vengeant de la domination islamique entre 711 et 1492), de Venise (grande force de l’époque voulant récupérer les ports commerciaux de la Méditerranée du sud dirigé par le doge Sebastiano Venier), de Gênes, des Chevaliers de Malte, du Duché de Savoie, du Duché d’Urbino et du Grand-Duché de Toscane. Du côté Européen de l’est, domine l’Empire Ottoman présent depuis le 14e sc ap. J.C. et la flotte navale du sultan musulman Selim II composé de Turcs, de Berbères, de Grecs (mercenaires recrutés avec un firman de Selim II ou esclaves) et de Syriens et d’Égyptiens.
Où a lieu la bataille exactement ? Elle a lieu à l’entrée du golfe de Corinthe, également connu sous le nom de golfe de Naupacte (en grec, Nafpaktos) dans le passé, au sud des îles Echinadès, entre l’îlot d’Oxia et le cap Skrofa. Presque 500 ans plus tard, la “bataille navale de Lépante” ne change pas de nom (Lépante est l’ancien nom de la ville grecque de Naupacte).
Une croisade d’un jour, la plus sanglante de la renaissance. Les forces latines se sont regroupées dans la ville de Messine en Sicile. 206 galères, 6 galéasses vénitiennes (grands navires à voile) et 1815 canons vont faire face à 208 galères (dont la plupart sont des rameurs enchaînés), 120 galiotes (petits navires), 750 canons et à des flèches seulement. Le 7 octobre 1571, Don Juan d’Autriche (demi-frère du roi Philippe II d’Espagne, capitaine général de toute la campagne militaire) réussit à enfermer les navires ennemis dans le petit golfe de Naupacte. La Sainte Ligue est mieux armée (intanterie avec panoplies). Les navires tirent et détruisent presque tous les bateaux turcs. La bataille devient un combat d’infanterie sur les ponts des bateaux. L’atmosphère n’est que cris, feu et sang. Les Turcs comptent 30.000 morts alors que les Latins en comptent 3 fois moins. Cette bataille navale a coûté plus de vies aux Grecs, puisque les rameurs grecs étaitent aussi bien sur les navires européens que sur ceux des Ottomans. Les navires turcs coulent avec leurs esclaves rameurs attachés (30% de Grecs) et les eaux du golfe deviennent rouges. 8000 Grecs ont sombri mais 12.000 chrétiens (la grande majorité sont Grecs) sont libérés de l’assujettissement ottoman.
Les grands moments de la bataille de Lepante. On a d’abord le processus rituel de provocation et de réponse entre les bâteaux. Et puis, la “Sultana”, la galère phare d’ Ali Pacha tente de passer à gauche et à droite des galéasses (les navires turcs ont pris une forme ovale pour frapper les côtés). Les galéasses latines ouvrent le feu et touchent les navires ottomans, ébranlant ainsi l’unité de la faction ottomane. La “Sultana” éperonne la galère chrétienne “La Real” et le conflit frontal éclate férocement. Au même moment, la bataille des autres navires voisins commence. Les Ottomans semblent prendre l’avantage, en raison de la mort de l’amiral vénitien Agostino Barbarigo. Cependant, les forces de la Sainte Ligue continuent à se battre durement en se renforçant pour ne pas briser la cohésion de leur formation. Avec la décapitation d’Ali Pacha et la capture de la “Sultana” par le prince espagnol Don Juan, la fin de la bataille navale est scellée.
(A gauche, Vainqueurs de Lepante : Juan d’Autriche, Marcantonio Colonna, Sebastiano Venier -peinture 1575-) (A droite, Bataille de Lepante, Ali Pasha à l’assaut / Peinture de Vicentino)
La victoire des Chrétiens lors de la bataille de Lépante donne l’espoir de la libération. Les chrétiens ont connu les massacres par les Arabes, les Sarrasins et les Seldjoukides turcs venant de Mongolie qui ont menacé l’Empire byzantin (324-1453) et ont occupé la Terre Sainte. Avec la victoire de Lépante, les peuples menacés ou assujettis comprennent que les Turcs Ottomans ne sont pas imprenables. Beaucoup de batailles auront lieu au 17e sc, 18e sc pour qu’on en arrive à la révolution grecque de 1821 enfin victorieuse. Dès cette époque, l’Empire ottoman est irrémédiablement en déclin
L’Empire ottoman stoppe sa politique d’expansion vers l’ouest devant la supériorité des Européens occidentaux. Les Turcs Ottomans avaient occupé Constantinople (capitale de l’empire byzantin chrétien) en 1453 et ils considéraient qu’il n’y avait aucun obstacle à l’asservissement du reste de l’Europe. Mais suite à leurs échecs lors des batailles de Vienne en 1529, de Lepante en 1571, de Vienne en 1683, l’empire Ottoman mesure la force occidentale comme insurmontable. Ceci dit, bien que la catastrophe turque de Lépante en 1571 ait paralysé le sultan à l’époque, on peut parler d’un échec pour les Occidentaux puisqu’ils n’ont pas profité correctement de leur victoire. Les Turcs ne tardent pas à redéployer une puissante flotte et les massacres et captivités se poursuivent sur la population grecque et autres populations chrétiennes. Quoi qu’il en soit, c’était la première fois que l’invincibilité de l’armada turque était abattue.
Après la bataille de Lepante, fini les galères et on se rend compte que les armadas ottomanes n’étaient pas imbattables. La bataille de Lépante constitue alors un point focal pour les tactiques navales car elle a marqué la fin de l’ère des navires de guerre à rames et des tactiques dites traditionnelles (par exemple, l’éperonnage). La voie est ouverte aux voiliers à artillerie lourde.
Le prestige de la bataille de Lepante. De grands peintres ont rendu des chefs d’oeuvre exquis sur le thème de la bataille navale. «Nous avons enfin appris que les Turcs étaient des gens comme les autres», écrivait Marcantonio Colonna, tandis que l’écrivain Miguel Cervantes, qui a combattu avec vaillance dans la bataille navale et dont la main gauche fut rendue inutile, écrivit : « Ce jour-là, la croyance que les Turcs étaient invincibles fut dissipée dans le monde entier. »
Voilà ce que je sais sur cette grande bataille. Qu’auriez-vous à ajouter sur cette fameuse bataille de Lepante ?
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