Konitsa et les villages grecs des maîtres maçons, une région en Épire à découvrir absolument. Les villages de Vourbiani, de Pyrsoyianni et de Kastanèa.
Les maîtres maçons. Je viens d’arriver de la très belle ville de Konitsa, après avoir visité les villages appelés Mastorochoria. Ce sont des villages où vivaient les maîtres maçons, constructeurs de ponts et de bâtiments de toute sorte, mais tout était fait en pierre taillée. Ils existaient depuis la moitié du 18e sc jusqu’à la fin du 19e sc. Ils quittaient leur région des Mastorohoria qui se trouve aux fins nord-ouest de la Grèce, à proximité de la frontière albanaise à partir du mois d’Avril pour voyager dans le monde entier. Ils rentraient chez eux à la fin de l’automne et s’attaquaient alors à toujours embellir leurs villages natals. Ils voyageaient en clans qu’on appelait les Bouloukias et ils parlaient un dialecte que seuls eux comprenaient, le Koudaritik. Chaque clan avait une hiérarchie à respecter. Du plus bas au plus haut, on a les Mathitoudias ( = les petits apprentis), les Tsirakias, les Kalfadès, kes Archikalfadès, les Mastorès et les Protomastorès (= les maitres-maçons). Ils étaient appréciés dans le monde entier pour leur savoir faire unique. Ils ont construit tous les villages de la région de l’Epire en Grèce. Ils ont bâti des ponts à un seul arc, lesquels tiennent toujours. Toutes leurs connaissances en génie civil et en génie méchanique résident dans un savoir faire qui date du 18e sc.
Où loger à Konitsa ? Avec mon mari et ma fille, nous avions réservé dans le formidable hôtel trois étoiles Rodovoli & Wine bar, au centre de Konitsa. Un complexe avec bonne relation qualité-prix, le meilleur dans la région, à mon avis. Mr Dimitris Lazoyiannis était à nos petits soins et aimait promouvoir sa belle région à ses visiteurs.
Que faire à Konitsa ? Il s’agit d’une petite ville de 3.000 habitants construite sur les versants de deux montagnes, Smolikas et Timfi. Il croise trois fleuves : Aoos, Voϊdomatis et Sarantaporos. A mon opinion, le village de Konista est entouré d’une beauté sauvage si on regarde ses montagnes tout autour mais pourtant doux si on regarde le fleuve Aoos se perdre sur sa plaine.
Où manger à Konitsa ? Chez Toris. Il tient une boucherie et juste à côté, une taverne sympa sur terrasse. J’adore ses viandes grillés surtout son agneau grillé et son fromage au lait (galotyri, en grec). Les prix sont corrects (15 Euros/personne).
Le pont de pierre de Konitsa et le monastère de Panayia Stomiou. Le pont à un seul arc de Konista est le plus grand de la péninsule des Balkans. Il fait 20m de haut et presque 40 m de large. Sa construction supervisée par le maître-maçon Zioga Frontzo du village de Pyrsoyianni commence en 1823 pour se terminer 48 ans après. En montant tout en haut du pont, un vent fort m’emporte les cheveux. Les maçons ont mis une clochette en dessous du pont. Si jamais elle commence à sonner, cela signifie qu’il ne vaut mieux pas traverser le pont. Je descends du pont et outillée d’un sac à dos avec au moins une grande bouteille d’eau, je commence avec ma famille, sur le côté droit du pont face à la gorge d’Aoos, à faire une heure et demie de marche sur un sentier de pierre étroit ou cinq kilomètres. La vue sur la roche abrupte d’en face et l’eau si bleue de la rivière me remplissent de sérénité. Le monastère de Stomio construit en 1774 se trouve en amont à 650m dans un beau monument religieux où le moine Paϊssios vivait seul avant de finir ses jours au Mont Athos.
La visite des plus beaux villages Mastorochoria : Notre périple dans les villages des maîtres-maçons dura quelques jours. Chaque village avait ses maîtres-maçons, lesquels avaient une spécialisation sur la construction. Ils sont nés dans ces villages et puis ils les ont construits. Dans ces villages sur les flancs de la chaîne montagneuse de l’Epire, tout est fait de pierre, même les pots de fleurs. Tout a la couleur d’un gris foncé et seulement quelques portes et murs sont peintes en couleurs chaudes pour faire un peu de contraste. Les gens sont accueillants et recherchent de la compagnie, surtout en ce début d’hiver. Ils disent être un peu isolés, si proches de la frontière albanaise.
Vourbiani. De Konitsa, en voiture, nous nous dirigeons facilement vers le village de Vourbiani qui se trouve à 880m d’altitude et à 26 kms de Konista. Le village est tout à fait calme avec ses 50 habitants. On peut voir les chasseurs passer, en ce temps d’automne aux portes de l’hiver. J’arrive au bout du village par la route et je vois l’Eglise de la Panayia bâtie en 1780 (en francais, Eglise de la grande Sainte) et à 50m plus loin la belle école (photo plus bas à droite) à deux étages du village mais entièrement vide à l’intérieur. Ce village était un des plus habités de la région avec presque 2.000 habitants pour tomber à 200 habitants dans les années 80.
Pyrsoyianni. De Vourbiani, nous descendons vers le village de Pyrsoyianni que nous avions déjà traversé à la va-vite le matin de bonne heure. Il se trouve à 24 kms de Konitsa. Nous découvrons un plus grand village construit en amphithéâtre où l’élément de la pierre est omniprésent : c’est un village en pierres. Nous montons des marches, en nous abreuvant dans les petites sources au passage. Tous les chemins de pierre nous mènent vers l’imposante Eglise à deux tours de St Georgios (photo plus bas à gauche) tout près du poste grec de garde des frontières Frontex. Nous entrons dans l’église et nous découvrons un intérieur plein de couleurs vives. Le bois est sculpté partout. Nous sortons et voyons le Musée de la Pierre juste à côté dans une rue pavée mais un passant nous dit qu’il est fermé. Nous admirons notre promenade dans les ruelles du village pavées de pierres. Le paysage montagneux avec ses couleurs automnales et la pelouse de l’Eglise de St Nicolas plus bas (photo plus bas à droite) contrastent avec la couleur sombre mais pas sobre des maisons. Nous décidons de passer la fin de la journée dans ce village où les gens parlent facilement aux visiteurs. Nous déjeunons sur la terrasse fleurie de la taverne Armoloϊ et nous allons boire notre café à l’intérieur d’un tout petit café décoré de manière traditionnelle appelé Koka Karya.
Kastanèa. Le lendemain, nous prenons la route vers le village montagneux de Kastanèa qu’on appelait Kastaniani (avant 1950) entre la montagne de Smolikas et Grammos. Nous avons 28 kms à parcourir mais les derniers 10 kms nous mènent en amont à 880m sur une route potable. Ce village existe depuis le 11e sc. Encore un beau village tout en pierre mais dans une dense végétation cette fois-ci. Nous nous promenons dans le village. Les habitants nous disent bonjour et nous demandent d’où nous venons. Ils nous disent avoir la visite de Français en plein été, lesquels viennent étudier régulièrement l’architecture typique de l’Epire dans le village. Nous voyons à l’entrée du village un des 4 ponts en pierre du village, de belles sources, des maisons et l’église d’Aghios Nikolaos (bâtie en 1926, Aghios Nikolaos est protecteur du village avec sa belle entrée en arcade) avec son école tout à côté (construite en 1894). Un habitant du village vient nous ouvrir l’église. J’admire une superbe icônostase sculptée en bois. Il n’y a pas de taverne et de café mais une dame de la municipalité nous a apporté des morceaux d’une tourte aux herbes qu’on a payés bien sûr….
Mon expérience. Voici les points les plus importants que je vous évoque, suite à mon périple dans les villages de Mastorohoria. Ce qui m’a touché le plus, c’est la gentillesse de ses habitants. Ce sont des gens qui ont la nostagie des temps passés où les bourgs étaient plein de monde avec des enfants qui couraient partout autour d’eux. Ils se sentent aujourd’hui isolés car le gouvernement fait peu pour leur région si près de l’Albanie. Konista a plus d’activités que tous les autres villages de Mastorohoria car c’est un beaucoup plus gros village.
Avez-vous déjà visité Konista et ses villages grecs aux alentours ? Si oui, qu’auriez-vous à dire ?
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Je croyais connaitre un peu la Grèce, la rencontre de votre site me montre combien il me reste à découvrir malgré plus de quinze ans de parcours sur toutes les routes et autres chemins.
Merci pour vos articles qui grandit encore plus l’envie d’y retourner encore et encore et toujours plus longtemps.
Michel dit Meg.