Syrrako est un petit village en pierre perché en l’Epire. Au milieu de cette beauté naturelle et sauvage, je vis un conte de fée.
Je viens d’arriver du village de Syrrako enneigé où j’ai séjourné pendant trois jours avec mon époux et un couple d’amis. Je viens de Ioannina où nous sommes restés deux jours pour rendre visite à des amis communs. Nous faisons une heure de route en passant par le pont de Plaka et puis par le beau village de Pramanta à 850m d’altitude. La route de Pramanta à Syrrako est nettement plus difficile avec des virages en haute montagne.
Syrrako est lié à son histoire qui laisse ses traces dans l’esprit de ses habitants (chansons) mais aussi dans la nature autour du village (montagnes, gorges, rivières). Sur des monts impressionnants et difficiles d’accès, Syrrako est entouré de sommets élevés et abrupts qui empêchent la neige de fondre de Décembre au mois d’Avril et nous nous en sommes bien aperçu. Ce village est construit au 15e siècle par les Valaques (provenant des Balkans du nord) et il est devenu village grec. Son peuple s’avèrait et s’avère dur, introverti mais fier et libre. Ces habitants ont eu besoin de ces caractéristiques pour survivre dans ce coin frêle de la Grèce et de l’Europe. J’ai en effet appris que Syrrako a conquis les ports du sud de la Méditerranée avec ses produits tissés et sa fromagerie. Le village se bat pour la liberté en 1821 avec ses 4000 habitants mais les Turcs Ottomans le détruisent complètement par la suite. Ceci dit, son peuple renaît littéralement des cendres et réussit à revivre des temps de gloire au milieu du 19e sc.
Où est Syrrako ? C’est un village de 250 habitants permanents (sans enfants) sagement étendu sur le flanc Péristériou du Mont Lakmos et il est parfaitement bien adapté au paysage aride avec ses maisons faites de pierre locale par des maçons du coin. Quand nous sommes descendus vendredi dernier à 1200m vers le village, à un virage, je vois un village en amphithéâtre que j’ai l’impression de pouvoir toucher. Mais non, je dois continuer sur une route périphérique puisqu’il n’y a pas de place pour les voitures dans ce village à 1.125m d’altitude. En bas du village, j’entends le bruissement de la rivière Chroussa dans la gorge protégée de la neige, sous le village.
Un architecture étonnante qui incite à la découverte de Syrrako. De l’entrée du village, je marche avec mon sac dans des ruelles pavées de pierres taillées de la même couleur claire que les murs des maisons. Je passe devant des sources aux eaux si généreuses. Tout est merveilleusement silencieux dans ce village aux imposantes habitations en très bon état avec leurs belles cours. Le plus grand bâtiment de l’agglomération est l’école du village à trois étages. Aujourd’hui, c’est une belle auberge de luxe et sur ses murs, on peut voir des photos de groupes d’élèves avec leurs maîtres (des années 50 et plus anciennement).
Où loger à Syrrako ? J’avais réservé à l’avance dans l’auberge Stavraetos de Giorgos Baϊtsis qui a un superbe restaurant (photo plus haut à droite) au centre du village. Nos chambres étaient presque royales avec de hautes fenêtres avec vue sur la place et sur la fantastique église de Saint Nicolas (photo plus haut à gauche). Nous passons dans des kiosques arcadés pour passer d’un bâtiment à l’autre… quelle beauté magique dans ce paysage de neige.
Les sources de Syrrako. Je passe devant la source de Goura avec ses trois bouches d’où sort l’eau fraîche. Elle se trouve près de la place centrale avec son toit voûté fait de pierre ponce, il y a cinq siècles. Je vois que c’est un petit miracle de cette époque là. Je vois une autre petite source pas loin, mais moins belle et plus petite. J’imagine qu’il y en a d’autres mais sûrement à proximité du village.
Le moulin à eau de Syrrako est situé à l’entrée de Syrrako. C’est un des trois moulins à eau traditionnels du village mais celui-ci est restauré, après avoir subi de grands dommages, ces dernières décennies. Il est facilement accessible jusqu’au bord du village. On y arrive par un sentier pavé. Quel admirable petit moulin.
Les églises de Syrrako sont merveilleuses. Dans le village, j’en distingue deux, très belles. L’église de Saint Nicolas (photo plus haut à gauche) se dresse sur la petite place du village et je vois bien son haut mais humble campanile. Cette église détruite par l’occupant Ottoman est reconstruite pierre après pierre et est terminée en 1888. Le petit dôme octogone gris tout au dessus, les veilleuses argentés, les pries-dieu en bois et le trône despotique à l’intérieur sont superbes. L’église de Kimissi tis Théotokou pas loin est intéressante avec sa porte voûtée, son grand clocher, ses arcs, ses cloches et son dôme tout-rond. L’église n’a pas été détruite en 1821 mais elle a subi des dommages lors du tremblement de terre en 1967.
Divers photos du village
La maison de Kostas Krystallis se trouve derrière notre auberge. C’est dans cette maison que ce grand poète est né et a grandi. Dans cette maison, on peut voir des outils pour le tissage et la fromagerie, des habits traditionnels et de précieuses archives concernant le village. Α l’extérieur de cette belle maison à deux étages, on voit la statue du poète tout en noir. Le musée folklorique de Kostas Avdikos se trouve dans un beau manoir datant de 1880. Cette demeure appartenait au riche commerçant Kostas Avdikos et à sa petite fille. Cette dernière a fait don de cette maison à la communauté de Syrrako. En son intérieur, il y a un échantillon du mode de vie des habitants du village. Des meubles, des broderies, des tissages, des costumes, des ustensiles ménagers et des photos sont exposés dans les salles du musée.
Le monastère Kipinas dans la roche littéralement n’est pas loin de Syrrako. Un matin sans neige, avant de partir, nous allons le visiter. Ce monastère a été construit au Moyen-Age au début du 13e sc par des moines Chrétiens Orthodoxes et il est dédié à la Dormition de la Mère de Dieu. Aux temps de l’occupation Ottomane séculaire, les moines se rendaient au monastère à l’aide d’une échelle suspendue, afin d’éviter toute possible invasion. Νous parcourons peut-être une vingtaine de kms. En bas du rocher, on doit monter des marches et prendre un pont en bois. Arrivés au monastère, nous les deux femmes, nous mettons nos jupes longues et larges (on les avait dans nos sacs à dos) sinon aucune chance d’y rentrer.
Voilà ce que nous avons fait pendant notre périple de trois jours à Syrrako. Aimeriez-vous, vous aussi, visiter ce village traditionnel grec montagneux ?
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